Howlin’ Wolf – « Howlin’ Wolf » (Rockin Chair album)

howlin_wolf-rockin_chair_album Howlin' Wolf
Rockin' Chair

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Enregistrement : 1957 à 1961 – Parution : 11 janvier 1962 – Label : Chess – Personnel : Howlin’ Wolf (chant, harmonica), Hubert Sumlin, Jimmy Rodgers, Smokey Smothers Willie Johnson (guitare), Abe Locke (saxophone ténor), Otis Spann, Hosea Lee Kennard, Johnny Jones, Kenny Gray (piano), Willie Dixon (basse), Sammy Lay, S.P. Leary, Fred Below, Earl Phillips (batterie)

Voici une bonne partie du trésor sur lequel une bande de jeunes anglais intrépides a mis la main au début des années 60. Du haut de ces 12 titres, c’est tout un pan de la musique moderne qui vous contemple.

 

Nous sommes ici au cœur d’une époque charnière. Un improbable processus de fertilisation croisée est déjà en route.

 

D’abord le rock’n’roll a surgi, blanchissant avec fougue le rhythm’n’blues des pistes de danse des ghettos noirs. Aussitôt des Chuck Berry et des Willie Dixon, qui n’ont pas leurs oreilles dans leurs poches, insufflent au blues originel, qui de son côté s’était réfugié au sud de Chicago, un peu de cette excitation juvénile venue des quartiers blancs. Et quand la première révolution rockabilly se résorbe dans la bien pensante Amérique, c’est ce blues là, tout juste coupé d’un doigt de pop, que les Rolling Stones, Yardbirds et autres Animals découvrent sans tabou et avec excitation. Ils vont alors en reproduire génialement l’essence pour une seconde révolution musicale qui, cette fois, va envahir le monde.

 

Au cœur de la transformation qui se concocte entre 1955 et 1962 dans le South Side de Chicago, on trouve une poignée de bluesmen encore pétris des racines du Delta.  Leur chance ? Etre trop frustres pour prendre le sillage d’un jump blues citadin lancé dans une course de vitesse et de dextérité. Leur recette ? Coller à la tradition mais monter le son.

 

Muddy Waters et Howlin’Wolf sont les incontestables leaders de cette forme de blues quasi régressive. Et l’incontournable Willie Dixon en est l’habile et discret cuistot. Le tout est concocté au sein d’un label génialement inspiré, Chess Records.

 

De ces monstres sacrés, Chester Burnett, alias Howlin’ Wolf, est le plus singulier. Visuellement et vocalement, rien ne lui a jamais ressemblé, ni avant ni depuis. Et de très loin. Deux mètres de haut, un quintal et demi, et le coffre trépidant d’une goudronneuse en action. Quelque chose à vous figer les sangs.

 

Des précautions sont donc à prendre. Si les amateurs de rock aguerris peuvent d’emblée adhérer à cette voix outre tombale assénant par jets rougeoyants ses blues puissants et râpeux, les âmes plus folk, les inconditionnels de Big Bill Broonzy où les fidèles de Lonnie Johnson, devront d ‘abord tester à faible volume. Certaines choses paraîtront ainsi moins effrayantes.

 

Cet album, sorti en 1962, compile une seconde série de singles* enregistrés par Chester Burnett. En 1959, une première moisson d’épatants standards avait déjà révélé une partie du répertoire du Wolf.

 

L’avantage de ce « Rocking Chair Album » (surnom donné pour la photo de pochette quelque peu décalée de Don Bronstein) est d’arrondir un peu les angles rugueux du premier LP.

 

C’est que cette fois les compositions de Willie Dixon dominent et confèrent à l’ensemble une tonalité un brin plus légère. Enfin, c’est une façon de parler, car faire face au blues du Wolf, c’est comme voir le ciel soudain s’éteindre et se retrouver d’un coup dominé par la masse sombre et grondante d’un orage déboulant au ras des toitures.

 

 

 

 

 

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