Magic Sam – « Black Magic »

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Enregistrement : 23 octobre au 7 novembre 1968 – Parution : fin 1968 – Label : Delmark – Personnel : Magic Sam (chant, guitare), Eddie Shaw (ténor sax), Lafayette Leake (piano), Mighty Joe Young (guitare), Mack Thompson (basse), Odie Payne Jr (batterie)

Il existe une poignée d’albums, enregistrés au milieu des années 60, tous à Chicago, quartier ouest, qui traduit l’état transitoire mais parfait dans lequel le blues s’est trouvé à cette époque. Dix ans après la révolution be-bop de l’aile black radicale du jazz, de jeunes rebelles veulent pousser le blues à son tour hors de ses retranchements. Leurs armes ? De l’électricité et de la soul. La première est désormais largement maîtrisée, apportant à la guitare une capacité d’expression proprement sensationnelle. La seconde est en train de libérer l’incroyable potentiel énergétique jusque-là fermement corseté dans les cantiques sacrés du dimanche matin. Plus tard les deux entreront dans la démesure, parfois l’outrance, et souvent le marketing de masse. Pour le meilleur et pour le pire. En tous cas sans plus jamais reproduire le dosage quasi miraculeux de ciel et d’enfer de ces enregistrements.

Maîtriser ces forces contradictoires nécessitait des hommes déterminés, des gars capables de se mettre en danger. Exactement le genre des types qui fréquentaient le West Side de Chicago des années 60. Le coin présentait certains risques, et le soir venu la probabilité augmentait. Alors forcément, la musique jouée nuit après nuit, au L & A Lounge ou au Loomis, par Otis Rush, Buddy Guy ou Magic Sam, absorbait quelque chose de cette violence possible, restituant son indéfinissable frissonnement comme dans nul autre blues.

C’est peut-être même à cet état d’urgence permanent que ces jeunes frappes doivent d’avoir dompté toutes les énergies musicales du moment pour les fondre dans leur blues sans en perdre le contrôle. Et dans cet exercice, Magic Sam a été un maître quasi instantané, un fulgurant révélateur de cet assemblage inédit de tradition et de modernité.

Le succès de son premier LP (« West Side Soul », 1967)) avait encouragé Delmark à lui donner une suite rapide. Heureusement. Quelques mois plus tard, le guitariste disparaissait prématurément.

Mais en ce mois d’octobre 1968, c’est un petit groupe plein d’allant qui entre au studio Riverside.

 

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