John Lee Hooker – « Alone »

john_lee_hooker_alone John Lee Hooker
Alone

cliquez sur l’image pour l’agrandir !

Enregistrement : 1976 – Parution : 1976 – Label ; Rhino – Personnel : John Lee Hooker (chant, guitare), ? (harmonica sur titres 15, 16 et 17)

Un public discret, une ambiance recueillie et un blues man jamais aussi à son aise que lorsqu’il se retrouve, comme ici, à exercer son art en solitaire. Jamais aussi intense non plus. Il faut dire que mettre des musiciens autour de John Lee Hooker c’est un peu comme ajouter du sucre dans un expresso. « Alone », album bien nommé, rend compte de l’instinct impeccable dont le natif de Clarksdale fait preuve lorsqu’il peut se laisser aller au gré de cette métrique imprévisible – et donc cauchemardesque pour tout accompagnateur – dont il a su garder l’inconvenance quand d’autres bluesmen rentraient finalement dans le rang des douze mesures académiques. Enregistré en public, en 1976, dans l’atmosphère douillette du New-York Hunter College, on a affaire ici à un John Lee Hooker décontracté, fuguant librement sur ses standards. L’électricité de sa guitare ne sert qu’à corser un peu le grain d’un jeu aux qualités toutes acoustiques. Sans rien pour le gêner aux entournures, le « Hook » peut décliner à l’infini ses multiples et infinitésimales variations autour de son indéfectible accord central. Et pousser à l’occasion ses riffs déconstruits à la façon d’un Miles Davis. Ici l’esprit n’est pas au show. Encore moins au juke joint. On est plutôt dans la pédagogie, version Greenwich Village. Hooker exsude son folk noir, intense, mais il le fait sans outrance, et même avec certaines précautions, comme s’il veillait sur un auditoire non averti lors d’une première dans les profondeurs de la pulsation blues. Et le public new-yorkais joue le jeu, sage et respectueux, réagissant aux commentaires posés du blues man entre deux morceaux comme s’il assistait à une conférence de fin d’après-midi chez Nature & Découverte.

This entry was posted in Discographies and tagged , , , , , . Bookmark the permalink.