Billy Boy Arnold

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Etre le co-auteur oublié d’un hit légendaire vous expédierait le premier quidam venu au rayon des pisse-vinaigre, sans ticket retour. Parce que Billy Boy Arnold a du (bon) caractère – et aussi parce que l’harmonica traversait, en ce milieu des années 50, un véritable âge d’or – ce champion du Marine Band dont l’empreinte génétique traîne sur l’immortel « Bo Diddley » avec lequel le porteur du même patronyme a raflé la mise, a quand même fini, à la force du poignet, par accrocher son nom au générique.

L’unique, précoce et véritable élève de John Lee « Sonny Boy » Williamson – l’iconique premier du nom – a souvent failli passer à la trappe. Dans la section harmonica, Billy Boy Arnold a longtemps fait figure d’oublié. Mais si son nom ne hante pas toutes les mémoires, ses titres, eux, ont été repris à presque tous les étages de l’histoire du rock. Yardbirds, Animals, Sweet et jusqu’à David Bowie se tailleront même de beaux succès en recyclant ses blues rondement ficelés. A eux seuls, « I Wish I Would » et « I Ain’t Got You » l’impliquent dans la paternité d’un british blues qui se montrera, le moment venu et quand les choses ne marchaient pas si bien pour lui, reconnaissant.

Le secret de cet effet à long terme des compositions de Billy Boy Arnold ? Une bonne rasade de saveurs du Delta servie avec une touche de sophistication urbaine. Un dosage particulièrement réussi. Une recette dont la confection est d’ailleurs moins évidente à obtenir qu’il n’y parait, et sur laquelle beaucoup se sont essayés pour retomber, le plus souvent, soit d’un côté soit de l’autre – sans pour autant que ces pertes d’équilibre signifient des chutes dans la médiocrité – de cette fine ligne fine ou se marient le chaud et le frisson, la pulsion et l’apesanteur. Bref, l’ultime alchimie du blues.

Formé à l’école Sonny Boy, puis influencé par les harpistes qui ont fait chavirer Chicago – Little Walter et Junior Wells – Billy Boy Arnold est non seulement un as de l’instrument mais aussi un excellent chanteur – et un guitariste tout à fait convenable à ses heures – aspect de son art qui prendra de plus en plus d’importance avec le temps. Si son harmonica lâche toujours ses incontournables « wah-wah » au détour de chorus serrés dont il cultive la vigueur et le tranchant dès l’attaque, c’est d’une voix à la fois solide et soyeuse, nuancée de soul, qu’il porte avec une évidente délectation les titres gentiment délurés qu’il continue d’écrire sans discontinuer depuis ses premiers pas sur les hits de Bo Diddley.

Echaudé par sa mésaventure initiale, Arnold a savamment cultivé son indépendance et tracé un parcours à sa main, quitte à passer un peu loin des projecteurs. Il n’a pas entassé autant d’albums que le recyclage régulier de certains pourrait laisser penser, mais il n’en ait pas de simplement médiocre. Alors, pour ce qu’il a apporté au long d’une carrière qui frise le demi-siècle, Billy Boy mérite largement sa place dans l’histoire d’un instrument pas autant fêté que son identification au blues ne le laisserait supposer.

Si Billy Boy Arnold a fait partie des quelques artisans qui ont mis en branle le son du rock’n’roll, puis nourrit encore sa réincarnation anglaise lors de la décennie suivante, lui est resté discret, observant de loin, et avec philosophie, la belle agitation que tout cela avait créée. Il est bien passé relever quelques compteurs blues-rock du côté de Londres au cours des années 70, mais dans l’ensemble il est resté un vrai classique, au meilleur du sens chicagoan du terme.

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