Dr. Ross – « Boogie Disease »

doctor_ross-boogie_disease Doctor Ross
Boogie Disease

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Enregistrement : 1951 à 1954 – Parution : 1992 – Label : Arhoolie – Personnel : Doctor Ross (chant, guitare, harmonica, batterie) et, sur les tires accompagnés, Wiley Galatin (chant, guitare), Henry Hill (piano), Reubin Martin (washboard), Barber Parker (batterie)

Les « one man bands » sont au blues ce que les piliers droits sont au rugby. Une caste à part, une confrérie de spécialistes qui gardent jalousement les secrets de fabrication d’une technique quelque peu pointue, constitutive d’un vrai métier, lui même un peu ingrat et consistant à jouer seul de plusieurs instruments. En un mot des types à part, mais qui se reconnaissent immédiatement les uns les autres, se respectent et se combattent vaillamment une fois sur le terrain.

Dans cette catégorie, où le spectacle a parfois tendance à l’emporter sur le contenu, deux hommes ont régné en maître, Joe Hill Louis et Charles Isaiah Ross, plus communément connu sous le patronyme de « Doctor » Ross. Deux hommes-orchestres qui étaient avant tout de remarquables musiciens, et notamment d’excellents harmonicistes.

On trouve ici les premiers enregistrements de Doctor Ross chez Sun Records, dans le Memphis du début des années 50, c’est à dire exactement là où, et juste avant que, tout ce blues accumulé fasse sauter le verrou par l’intermédiaire d’un jeune gars du coin et futur roi du rockabilly.

A cette époque Ross joue encore le plus souvent accompagné mais développe déjà son concept solitaire. Cette compilation de 22 titres, dont quelques raretés, permet donc de se faire une bonne idée des multiples facettes du talent de ce bluesman trop peu connu.

« Boogie Disease » est un disque qui s’écoute comme on s’arrête au beau milieu d’un trottoir, un après-midi où, passant par là et bien qu’ayant beaucoup à faire, un musicien ambulant vous accroche avec son groove parfait, et vous retient, ne voulant pour rien au monde manquer la suite. Les titres s’enchaînent sans qu’on ait l’impression que quoi que ce soit se répète, malgré l’économie des moyens et l’homogénéité du style.

C’est avec le morceau qui donne son titre au disque “Boogie Disease” – également son grand oeuvre – que le docteur lance l’affaire d’un pied lourd, qui écrase le temps et que l’écho de la pièce rattrape juste avant qu’il ne s’efface. Le résultat donne cette atmosphère si particulière concoctée par Sam Phillips dans son petit studio du 706 Union Avenue et dont le rock’n’roll allait dans la foulée tirer un maximum de profit. Sensation encore renforcée par la guitare jouée en accords rythmés, larges et clairs, là aussi dans un style qui fera bientôt fureur.

 

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