Etta James

Etta James Etta James
huile-toile, 61x50

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Sa voix porte toutes les musiques noires américaines. Un contralto poignant, capable de porter le tonnerre comme de vibrer dans la minceur d’un souffle. Un instrument naturel et rare, qui serait resté seulement impressionnant s’il ne s’était nourri d’une longue et douloureuse dramaturgie personnelle. Car Etta James a failli perdre son âme pour habiter son chant.

Fille supposée d’un roi du billard, ballottée entre une mère adolescente paumée et des adultes incertains, Jamesetta (ce prénom lui a donné son nom) a passé une partie de sa vie à se débattre entre mauvais sorts et démons tenaces.
Si elle a fait de la ballade bleu romantique sa conquête absolue – combien de bals ouverts sur son « At Last » ? – Etta James a surtout marqué de son empreinte chacun des territoires musicaux visités en cinquante ans de carrière.

Petit prodige gospel puis doo-wopeuse précoce, pétroleuse rhythm & blues et rockeuse endiablée, elle fera aussi rêver les milieux jazz orphelins de Billie Holiday et donnera souvent le meilleur de sa voix à un blues dans le berceau duquel elle n’est pas née mais que la vie s’est chargée de lui inculquer.
Propulsée à 14 ans dans un début de carrière prometteur, passée par vingt années de tourmentes, c’est à la cinquantaine qu’elle a resurgi, enfin libérée de ses addictions, pour réunifier les couronnes abandonnées par ses concurrentes et s’imposer définitivement comme la chanteuse emblématique d’une Amérique toujours fascinée par les survivants.

Sa discographie est éloquente. A commencer par son premier album, « At Last ! » (1961) où tout est déjà annoncé dans un florilège de standards taillés sur mesure. Elle semble alors pouvoir régner sur la face soul des années 60, du rayon pop (« The Second Time Around », 1961) à la puissance rock’n’roll (« Etta James Rocks The House », 1964), de la fièvre funky (« Call My Name », 1966) à la classe soul (« Tell Mama », 1968).

A partir de son grand retour, en 1988 (« Seven Year Itch ») et jusqu’à ses mises à feu récentes (« Burnin’ Down The House » en 2002, « Let’s Roll » en 2003), Etta James a accompli l’oeuvre que sa voix annonçait. Une voix que les épreuves ont terriblement nourrie et qui n’aura donc jamais faibli.

Toujours intense, souvent incandescente, Etta James insuffle à sa musique une pugnacité de « bad girl ». Avec le temps, et bien que devenue aujourd’hui vénérable, elle n’a rien perdu de cette énergie. Sur scène, comme en studio, ses prestations ne cèdent pas un pouce aux poussées de fièvre adolescentes qui avaient bousculé les bonnes manières des années 50.

En concert, Etta James n’a pas froid aux yeux. Ouvertement canaille, elle livre un show ardent et dévergondé, hérité des ambiances crues du « chitlin’ circuit » auquel elle doit son initiation. L’âge venant, après les mascaras égyptiens et les coiffures bavaroises, mais toujours avec la même gouaille ravageuse, on a vu apparaître une femme au charisme intact et au charme touchant. La « matriarche du blues ».

 

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