Muddy Waters – « Hard Again »

<div align= »center »>
<div> muddy_waters-hard_again Muddy Waters
Hard Again</div>
<span style= »color: #0000ff; »><em>cliquez sur l’image pour l’agrandir !</em></span>

</div>

Enregistrement : 4 au 9 octobre 1976 (Dan Hartman’s Studio, Westport, Connecticut)

Parution : mai 1977

Label : Blue Sky

Personnel :  Muddy Waters (chant, guitare), Johnny Winter (guitare), Bob Margolin (guitare), James Cotton (harmonica), « Pine Top » Perkins (piano) , Charles Calmese  (basse), Willie « Big Eyes » Smith (batterie)

 

Il aura donc fallu attendre 1977 pour entendre le blues de Muddy Waters sonner comme ça. Autant dire qu’on a bien failli ne jamais vraiment savoir. Pour cette seule raison Johnny Winter, instigateur et chaperon de ce come-back tonitruant, mérite notre reconnaissance éternelle.

Non qu’on ait manqué jusque là d’enregistrements du maître de Chicago. Entre les prises studio et les témoignages live, les multiples compilations quadrillant le terrain à partir de ses débuts chez Aristocrat en 1947 et la série de LP’s  inaugurée par le concert de Newport 1960, ce sont plus de 30 albums, pratiquement tous sortis chez Chess, qui témoignaient déjà, et souvent très bien, de la force du blues de Muddy Waters.

Mais aucun n’avait capté un moment d’excitation aussi intense. Jamais l’impact organique de Waters et le drive puissant de ses accompagnateurs n’avaient été approchés de si près. Au vu des dix dernières années d’une carrière et d’une production déclinantes, l’évènement tient du miracle. « Hard Again » porte bien son titre. Un album comme une embellie qui donne l’impression d’être cerné par un souffle vital, ballotté par d’impétueux courants échappés des entrailles des instruments, accroché à cette voix minérale qui tour à tour effraie et rassure.

Trente ans avant de découvrir à crue la véritable puissance d’irradiation de Waters. Allez savoir pourquoi sa musique n’avait encore jamais été exposée dans cet état. La volonté de ne pas effrayer le chaland ? Les limites techniques de l’époque face aux ondes proprement telluriques de la voix de Morganfield ? Le confort d’un contrat à durée indéterminée dans l’écurie  leader du marché ? Toujours est-il que son meilleur album jusqu’alors, le « Folk Singer » de 1964, bien qu’en tout point superbe, se montrait un brin trop pastoral pour témoigner du punch du bluesman de Rolling Fork.

Pour que la vigueur du sorcier du Delta soit enfin capturée dans la matière, il aura finalement suffi que ce grand escogriffe de Winter décide de réaliser son rêve, extirpe son héros de l’ombre et persuade Columbia de leur permettre de rembobiner en famille le cours de son blues.

Que Muddy n’ait pas beaucoup branché sa Telecaster de toute la session apparaît aujourd’hui presque anecdotique. De ce côté là, Winter à la slide et Margolin en lead se chargent de tout avec une classe indéniable. Et le résultat est proprement sauvage : 45 minutes et 23 secondes de fièvre noire qui vous laissent chancelant au pied de la platine. Le blues encore palpitant du Delta enfin reproduit à l’intention des masses.

 

This entry was posted in Discographies and tagged , , , , . Bookmark the permalink.