Son House – « The original Delta Blues »

son_house-original_delta_blues Son House
The Original Delta Blues

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Enregistrement : 12 au 14 avril 1965

Parution : 1965 (titres 1 à 9) 1992 (titres 10 et 11) 1998 (titres 12 à 14)

Label : Mojo Workin

Personnel : Son House (chant, guitare), Alan Wilson (guitare, harmonica sur titres 5 et 9)

 

 

Son House. Pensez donc, Son House ! Rien que prononcer son nom, c’est déjà comme franchir un passage. Son House, l’homme aux basques duquel était pendu un gamin nommé Robert Johnson. Celui qui envoyait gentiment paître le môme d’Hazelhurst parce qu’il ne jouait pas assez bien. Eddie John, dit « Son », House qui a puisé son blues directement à la source.

 

Il y avait bien eu les faces Columbia de 1930, puis celles qu’Alan Lomax avait gravées en 1941 avec l’équipement de fortune qu’il trimballait dans les campagnes du vieux Sud. Mais à l’époque les premiers n’avaient pas quitté le rayon « race records » et les seconds avaient surtout servi à compléter la collection folklore de la Bibliothèque du Congrès. Cette fois, à 62 ans, Son House est appelé à témoigner une dernière fois, pour l’histoire. Et tant mieux, parce ce que les microphones sur lesquels le vieux maître reprend ici l’essentiel de son répertoire ont bien progressé entre temps.

 

Alors bien sûr, les années ont passé et le House qu’on entend ici n’est plus le tumultueux bluesman qui faisait la loi avec Charley Patton et Willie Brown dans les joints du Delta. En 1965, alors qu’il quitté le métier depuis plus de vingt ans et plus touché une guitare depuis la mort de son ami Willie, Son House a quelque peu simplifié son jeu. S’il n’en a pas retrouvé toute la vélocité, il en a conservé la fougue et sa voix enflammée, comme ses élans de prêcheur, ont gardé intact ce pouvoir de vous saisir tout entier et de vous secouer l’âme.

 

Même érodée par le temps, l’intensité insufflée par le chant habité de Son House demeure suffisante pour tout de suite comprendre que c’est de çà que tout était parti, tout ce feu formidable qui a semblé d’un coup embraser la musique des années 60. D’ailleurs, à ce moment là de l’histoire, c’était peut-être mieux ainsi. Mieux pour ce public blanc, qui découvrait le blues, d’entendre un Son House dont le fer était un peu émoussé. Il n’est pas sûr, malgré toutes leurs bonnes intentions, que ces jeunes intellectuels du folk boom aient pu d’emblée supporter la véhémence de son jeu originel.

 

Dans se version initiale l’album produit par John Hammond et Frank Driggs contenait seulement neuf titres. Il s’agissait d’un des premiers 33 tours où le country blues pouvait retrouver sa liberté d’expression avec des titres dépassant la durée standard (ici on frôle parfois les dix minutes). Ne serait-ce que pour cette raison, aux USA en 1965, enregistrer ce disque c’était un peu l’équivalent du premier tournage d’un western en décor naturel. Et en plus, là, le personnage était totalement vrai.

 

 

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