Big Road Blues

Big Road Blues Tommy Johnson
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« Big Road Blues » est l’un des titres les plus célèbres de Tommy Johnson, chanteur et guitariste né en 1896 à Terry (Mississippi), décédé le 1er novembre 1956 à Springs (Mississippi).

Il a écrit un hit absolu, « Big Road Blues », lancé le mythe du diable rencontré au carrefour, inspiré pratiquement tout le gratin des groupes de blues blanc électrique de la seconde moitié de son siècle et fourni un nom au premier d’entre avec son « Canned Heat Blues». A lui seul, il illustre l’archétype du bluesman itinérant. C’est beaucoup pour un gars qui a passé toute sa vie à jouer dans les campagnes, entre deux cuites et beaucoup de femmes, n’a enregistré en tout et pour tout que 14 morceaux et tourné pas mal en rond dans un coin perdu du Mississippi.

Dans la matrice originelle du blues, Tommy Johnson représente une authentique figure fondatrice. Il fait partie de la poignée d’apôtres qui a tracé la voie dans le sillage d’un Charley Patton. Sa musique réunit tous les ingrédients qui signent le country blues et son influence s’est ressentie au long des trente années d’épanouissement qu’a connues ce style entre 1920 et1950.

Né à l’époque où le blues prenait forme, un peu avant le tournant du siècle, il a vécu toute sa vie à sillonner le vieux Sud, de l’Arkansas à la Louisiane, passant et repassant par Crystal Springs où il a appris à jouer et par Jackson où il terminera ses jours en 1956.

Johnson jouait le blues du Delta, tout en rythme martelé et en figures entêtantes. Il l’avait appris au plus près de la source, dans les plantations de coton où se côtoyait la fine fleur du genre. C’était un fieffé guitariste et un chanteur puissant. Ses blues étaient empreints de l’atmosphère lourde et oppressante qui collait aux basques de ces premiers musiciens noirs itinérants, jouant leur vie sur six cordes, chantant les douleurs d’un peuple mais faisant le pitre pour séduire le chaland.

Bien que réduite à quelques enregistrements, sa musique sort du lot par l’alchimie particulière de sa voix et de sa guitare. Côté paroles, Tommy Johnson a également su être original même si ses textes empruntent largement au fond commun du blues rural.

Son chant, lui, était incomparable. Maîtrisé et dynamique, moins lourd que celui de Charley Patton, moins râpeux que celui de Willie Brown, il a inauguré une souplesse tonale reprise, entre autres, par Robert Johnson et Howlin’Wolf. Sa voix, tantôt sombre et puissante, tantôt aérienne et vibrante, s’envolait dans un falsetto rappelant les effets des anciens fieldhollers. « Maggie Campbell Blues » en est le meilleur exemple et marque, par la détente vocale dont il fait preuve, l’apport décisif de Johnson à un blues du Mississippi jusqu’alors uniformément intense, urgent, voire agressif.

Tommy Johnson s’adonnaient plus à ses penchants qu’à ses talents. L’alcool, le jeu et les femmes ont le plus souvent guidé son chemin. Il racontait des histoires à dormir debout et prétendait avoir tout appris du diable en personne. Malgré tout cela, il a su léguer quelques pépites acoustiques sans lesquelles le blues ne serait peut-être pas aussi tout à fait éternel.

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